Ce mois de février représente l’occasion pour nous de nous questionner sur la place des indépendants au coeur des organisations. Comment les entrepreneurs comme vous redéfinissent la collaboration et l’innovation au sein des entreprises ? Julien Besnard, co-Directeur Omnicité a accepté de se prêter au jeu de l’interview, il nous livre son point de vue. Bonne lecture.
Entreprendre, c’est de l’inné ou de l’acquis ? Est-ce que c’est fait pour tout le monde ?
Cela nécessite d’abord de s’entendre sur ce que signifie entreprendre. Entreprendre, c’est “se mettre à faire quelque chose”, c’est s’engager dans la réalisation d’un projet complexe nécessitant des efforts, la réunion de moyens, la coordination d’acteurs… En ce sens, entreprendre fait appel à de l’inné, par exemple, la curiosité, la capacité à apprendre et à évoluer. Ce sont des traits de caractère plus ou moins développés chez chacun. Si l’on considère l’acte d’entreprendre dans le monde économique, cela ne fait cependant pas tout. Un entrepreneur va acquérir tout au long de sa vie des compétences techniques et relationnelles sans lesquelles son projet ne pourrait pas durer. Pour résumer, je dirai donc que l’entrepreneuriat n’est peut-être pas pour tous mais que tout le monde peut s’y essayer. C’est là qu’Omnicité a un rôle à jouer en proposant un cadre sécurisant pour entreprendre.
Comment a évolué la place de l’entrepreneur au sein des entreprises ces dernières années ? Quelle est ton analyse ?
Plus que de place, je parlerai d’image qui a changé. On a longtemps associé l’entrepreneur à l’entrepreneur du BTP, plutôt individuel – on avait un “entrepreneur” qui était venu faire des travaux chez soi. Les figures se sont diversifiées et l’on trouve des entrepreneurs internes aux entreprises (les “ intrapreneurs”), des entrepreneurs à temps partiel (les sidepreneurs), des entrepreneurs engagés (les entrepreneurs sociaux) etc etc…Cela reflète un monde économique plus flexible et mouvant dans lequel on peut passer d’entrepreneur à salarié puis de salarié à entrepreneur sans que cela soit mal considéré, où l’on peut faire travailler dans les mêmes équipes des salariés et des entrepreneurs indépendants. Bref, on assiste à un rééquilibrage. Cela demande à chacun une agilité plus grande, il ne faudrait donc pas pour autant laisser de côté toutes celles et ceux qui ne peuvent pas entreprendre.
Quelle place ont pris les notions d’impact et de responsabilité sociétale dans l’entrepreneuriat?
Elles prennent une place de plus en plus grande dans l’entrepreneuriat et la société en général et on ne peut que s’en réjouir. Ont-elles pour autant la place qu’elles méritent ? Pas encore et l’on voit bien qu’il ne tient à pas grand chose pour que l’on revienne sur des avancées. J’ai l’impression que l’on parle beaucoup de ces deux notions par le prisme de la transition écologique et de l’impact de l’activité économique sur le vivant. Il ne s’agirait pas d’oublier que cette transition ne peut se faire sans un projet démocratique et social fort qui nous permette de continuer à faire société. C’est au cœur du projet coopératif.
Avec ce prisme, que signifie entreprendre en 2024 ?
J’en reviens à la définition donnée lors de la première question. Entreprendre, c’est “se mettre à faire quelque chose” en prenant en compte dans son activité les grandes transitions sociales, économiques et écologiques d’aujourd’hui. Une fois que l’on a dit cela, il faut aussi avoir l’humilité de reconnaître que tenir tous les bouts de l’équation est au quotidien difficile à mettre en œuvre. À Omnicité, nous accompagnons des personnes pour les amener à vivre de leur activité ce qui est déjà un succès en soi et notre façon de participer à ces transitions.
Quel est l’impact d’Omnicité aujourd’hui ?
Omnicité créé pour les travailleurs indépendants les conditions d’une vraie liberté d’action pour développer leur activité dans l’économie d’aujourd’hui. Dans le cadre de cette mission, notre impact se manifeste à différents endroits. Dans un monde où l’on est de plus en plus isolé et où les corps sociaux intermédiaires sont de moins en moins forts, être entouré, être rattaché à un régime social protecteur, pouvoir se former sur ses compétences entrepreneuriales sont autant de choses dont un travailleur indépendant peut bénéficier en rejoignant Omnicité. Une majorité de nos entrepreneurs ont été salariés pendant plusieurs années avant d’arriver chez nous. Nous les accompagnons pour passer d’une posture de salarié à une posture d’entrepreneur. Comme je le disais précédemment, nous accompagnons des personnes à vivre de leur activité. L’argent généré par ces activités est un vecteur, un moyen au service d’une économie vertueuse qui favorise l’apprentissage, l’autonomie et la liberté de chacun.
Quels conseils donnerais-tu aux entrepreneurs qui ont des difficultés à fixer leurs prix ?
De se poser trois questions et de croiser les réponses à ces trois questions :
- quel revenu je veux tirer mon activité ?
- à quels tarifs sont les personnes qui font la même activité que mois ?
- Quelle plus-value mon client attend-il de ma prestation et quelle valeur donne-t-il à cette plus-value ?
Cela oblige à se poser 2mn pour faire un point sur ses aspirations personnelles et surtout à aller discuter prix avec d’autres. On peut réaliser le meilleur calcul de prix du monde, tant que l’on n’a pas essayé de vendre, on ne peut pas savoir si le prix ainsi calculé est correct ou pas.
Rejoignez-nous le 28 février 2024 pour continuer cette conversation passionnante autour de la place des indépendants dans les organisation à l’occasion de la Nocturne Omnicité. Retrouvez toutes les informations et détails d’inscription ici.