Interview Charlotte Millon

Charlotte Millon est formatrice, à travers son interview, découvrez son parcours, ce qui l’a menée à rejoindre la coopérative Omnicité et sa vision du futur de la formation. Si comme Charlotte, vous souhaitez devenir indépendant, les lignes qui suivent vous donnerons des réponses à vos interrogations sur le fonctionnement du statut d’entrepreneur-salarié. 

Qui es- tu ? Peux-tu nous décrire ton parcours ? 

 

Je suis formatrice en communication, linguistique et insertion. J’ai commencé ma carrière il y à 25 ans, au début j’étais employée au sein d’organismes en CDD ou en contrat d’usage. J’alternais entre missions et périodes de chômage qui restaient courtes car j’ai un bon réseau. J’ai appris à m’organiser et à gagner confiance en moi en faisant des réserves pour ces périodes de creux où il n’y a pas de travail. Ces moments permettent de prendre du recul et de faire le point. Avoir le choix de prendre des périodes pour travailler moins. Se reposer, retrouver l’inspiration. Créer une certaine  liberté et l’accepter. Avec ce rythme, je me dégage du temps pour mes passions. Je suis musicienne, chanteuse et plasticienne. J’ai toujours eu un désir d’indépendance et à l’époque, la réalité du marché professionnel devenait compliquée même si on est bien aidés en France. Je me suis dit que quitte à être intermittente, autant devenir indépendante et gérer mon travail moi-même. Je suis allée à un forum de l’emploi pour accompagner certains de mes stagiaires, je n’y allais pas pour moi et ça a été l’occasion de rencontrer Omnicité. J’ai intégré la promotion de 2019 chez Omnicité et ai fait la rencontre de personnes qui, comme moi, souhaitent devenir indépendant mais pas forcément formateur, certains voulaient être coach d’autres étaient des artisans, il y avait certains artistes, des techniciens… un melting pot ! J’ai appris à construire un projet viable et réaliste et ai signé un contrat CAPE avec la coopérative d’action et d’emploi. Ce contrat nous permettait d’avoir un accompagnement pendant 6 mois, on était encore considérés comme chercheur d’emploi pendant ce contrat donc on avait tous les avantages financiers tout en commençant à travailler et même à facturer. Quand j’ai eu assez de trésorerie, j’ai changé de statut et suis devenue salariée Omnicité. 

 

Quelle est la réalité du métier de formatrice ? 

Je trouve des missions en prospectant ou parce que je suis sollicitée par mon réseau – il s’agit souvent d’échanges informels pendant lesquels on parle du public concerné, des objectifs, des dates de formation. Ensuite, j’établis un diagnostic et un prévisionnel qui sont validés par le client pour lancer la machine. Avant de commencer, je planifie toujours une réunion pour rencontrer l’équipe pédagogique et encadrante, visiter les locaux (surtout pour repérer la machine à café et l’imprimante). Si je connais déjà le lieu, j’ai toujours mon petit espace à moi. Lors de la formation, je passe un contrat de bienveillance avec les élèves pour faire en sorte qu’ils soient acteurs de leur formation. Le déroulement de la formation dépend autant d’eux que de moi. Je recueille les besoins et les attentes de tous et m’adapte en fonction des profils. Côté administratif, je suis bien aidée par Omnicité qui fournit des conventions/contrats pré-remplis, des outils pour gérer la facturation et la comptabilité. Les équipes conseils et comptabilité me soutiennent et s’assurent que mes documents soient valides. 

 

Avec qui travailles-tu ?

Mes apprenants comprennent :

  • Des jeunes en décrochage scolaire confrontés à des problèmes judiciaires, en rupture sociale ou en situation de danger.
  • Des demandeurs d’emploi.
  • Des personnes non francophones.
  • Des migrants.
  • Des salariés d’entreprises cherchant à développer leurs compétences en communication, par exemple.

Le défi consiste à adapter le contenu pour satisfaire tous les participants.

Mes clients incluent principalement des centres de formation ou des associations financées par des fondations, des subventions ou des financements publics. Par exemple, l’un de mes principaux clients est le GRETA, relevant de l’éducation nationale. Je collabore également avec des petites associations telles que Les Mots Pour. En général, mes activités se concentrent davantage sur des partenariats en sous-traitance que sur des ventes directes.

 

Quelles sont les qualités essentielles pour devenir formateur/trice ? 

  • Confiance en soi et gestion des moments difficiles : La capacité à avoir confiance en soi tout en sachant gérer les situations difficiles.
  • Organisation: Être bien organisé pour assurer le bon déroulement des formations.
  • Assurance et gestion des périodes sans travail: Avoir une assurance personnelle tout en sachant tirer parti des périodes sans activité professionnelle.
  • Équilibre et repos: La capacité à se reposer et maintenir un équilibre personnel et professionnel.
  • Créativité: Être créatif pour trouver des méthodes originales et sortir des sentiers battus lors de l’animation des formations.
  • Expertise: Posséder des compétences d’animation variées et ludiques, capables d’instaurer la confiance chez les participants.
  • Écoute et remise en question: Être à l’écoute des besoins des apprenants et avoir la capacité de remise en question pour constamment s’améliorer.

 

En ce qui concerne la gestion de l’activité professionnelle :

  • Organisation financière: Être bien organisé sur le plan financier et avoir un réseau solide pour assurer un flux constant de travail tout au long de l’année.
  • Humanité et ouverture: Être très humain, ouvert et capable de se protéger émotionnellement, car les formateurs sont confrontés à une diversité de personnalités.
  • Gestion de l’hétérogénéité: Savoir gérer l’hétérogénéité des groupes de participants, avec une attitude ouverte et tolérante, tout en restant professionnel.
  • Gestion des situations délicates: Être capable de faire preuve d’empathie tout en maintenant une distance professionnelle face à des situations délicates.
  • Tolérance: Faire preuve de tolérance envers les diverses attitudes et réactions des participants, tout en restant fidèle à son rôle de formateur.
 

Pourquoi avoir choisi Omnicité ? 

Je n’ai pas eu beaucoup à comparer différentes coopératives. J’ai trouvé Omnicité, je me suis sentie tellement bien que je n’ai pas cherché ailleurs. J’ai été accueillie au sein d’un groupe. On a tout de suite été rassurés, pris en charge, accompagnés, par des gens très compétents, très ouverts, très disponibles, très rassurants, très clairs. Voilà. Et aujourd’hui Omnicité me permet de déployer librement toutes mes compétences créatives en pédagogie tout en palliant à mes incompétences en termes de gestion comptable, financière et juridique. J’ai une conseillère, en qui j’ai toute confiance, qui m’accompagne, qui répond à toutes mes questions. Il y a aussi le réseau de la coopérative elle-même, communiquer avec n’importe qui à n’importe quel moment dès qu’on a une question, un litige, un problème ou autre, il y a toujours quelqu’un pour nous répondre. Je trouve que les gens dans cette coopérative sont porteurs de valeurs dans le cadre de l’économie sociale et solidaire mais au-delà de ça, dans une philosophie qui correspond à la mienne. Écologique, durable, égalitaire et démocratique. 

On fait régulièrement des évènements, chacun peut partager avec les autres ses compétences, ses appétences, c’est comme une grande famille avec des gens très compétents. 

 

Comment décrirais-tu ton approche pédagogique ? 

Interactive et participative. Rendre le tout le plus ludique possible, la formation ne doit pas être triste ni plombante car on retient mieux quand on reçoit des émotions sympathiques. J’essaie de faire rire.  

 

Quels sont les défis que tu rencontres dans ton métier ?

Donner du grain à moudre à tout le monde. 

 

Selon toi, à quoi ressemblera la formation de demain ?

Inquiétant pour la formatrice que je suis. Je tiens beaucoup au présentiel et au vrai contact. J’ai du mal encore à souscrire au fait que si en visio on peut ressentir autant les choses, qu’il se passe autant de choses qu’en présentiel. La mutation numérique c’est très bien, la formation en visio va dépanner et motiver certaines personnes mais cela va aussi mettre de côté je pense. Tout le monde n’est pas outillé intellectuellement et matériellement pour faire de la formation en visio. Pour moi, rien ne remplace le contact en réel, tout ce qui peut se passer entre un groupe et un formateur. Les stagiaires travaillent en groupe. Celà dit, il ne faut jamais se fermer au changement. La formation et le partage ça passe aussi par le corps. Peut être que le numérique va se normaliser pour tout ce qui est transmission de connaissances et le présentiel sera valorisé pour d’autres modalités d’apprentissage : mises en situation par exemple. On ne remplace pas le fait de faire des mises en situation par exemple : travailler sur la voix, sur l’odeur ou encore sur le regard.

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